L’eau a-t-elle une mémoire ?
Sociologie d'une controverse scientifique
Description
En juin 1988, paraît dans Nature un article où est affirmée la possibilité d’un effet moléculaire sans présence physique de molécule ; l’eau se comporterait comme un support liquide sur laquelle des signaux moléculaires pourraient être enregistrés. Cette thèse est soutenue par Jacques Benveniste, un chercheur de l’Inserm alors reconnu pour ses travaux sur les médiateurs de l’allergie. Le jour de la parution de l’article, le journal Le Monde parle d’une découverte qui «pourrait bouleverser les fondements de la physique ». C’est le début d’une immense polémique à laquelle Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008, a redonné récemment une certaine actualité. L’objectif de ce livre est de proposer un éclairage sociologique sur cette controverse.
Après une description des étapes de la controverse, l’auteur s’attache à démontrer que le contenu des arguments et des contre-arguments qui font la trame de la dispute renvoie à des conceptions divergentes des modalités de mise en œuvre des normes au principe du jugement scientifique. Aucun des protagonistes ne remet complètement en cause ces normes, mais tous s’affrontent sur la façon dont il convient de les mettre en œuvre. C’est à la découverte des coulisses du processus de légitimation d’une thèse scientifique que le lecteur est convié à partir de l’étude de cette controverse qui a notamment contribué à relancer les débats sur l’homéopathie.
A propos de l'auteur
Pascal Ragouet est sociologue des sciences et professeur à l’université de Bordeaux. Il a coécrit avec Terry Shinn, Controverses sur la science. Pour une sociologie transversaliste de l’activité scientifique, Raisons d’agir, coll. « Cours et travaux », 2005.