Et la vertu sauvera le monde…
Après la débâcle financière, le salut par l’« éthique » ?
Description
Et si les scandales à la Enron n’étaient que l’arbre qui cache la forêt ? Sans malversations majeures, Vivendi, Alcatel et France Télécom n’en ont pas moins frôlé la faillite et ruiné leurs salariés-actionnaires. Mais il est tellement plus facile de croire que si le capitalisme financier est en crise c’est parce qu’il a manqué d’honnêteté, de rigueur, de transparence et de vérité des comptes. Pendant qu’on en appelle à l’éthique et qu’on se figure que la vertu va sauver le monde, au moins on ne parle pas d’autre chose. L’incrimination des individus de petite vertu fait agréablement diversion et laisse inquestionnées les structures de la finance, celles-là mêmes qui sont cause de tout.
Comme toujours lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux lieux communs du moment et de résister à leur pouvoir d’attraction, défaire la thèse du « péché » pour faire voir le travail des structures nécessite de prendre le temps d’un détour. À commencer par celui du retour aux logiques qui soumettent l’économie à l’emprise de la finance déréglementée.
A propos de l'auteur
Frédéric Lordon est directeur de recherche au CNRS, et économiste au CSE.
Il a notamment publié La Politique du capital (Odile Jacob, 2002), L’Intérêt souverain (La Découverte, 2006), La Malfaçon (Les Liens qui libèrent, 2014), La condition anarchique (Seuil, 2018), Figures du communisme (2021) et deux autres ouvrages aux éditions Raisons d’agir : Fonds de pension, piège à cons ? (2000) et Jusqu'à quand ? (2008)